LOMBOK: Au coeur de la culture SASAK
Pour trouver Lombok et ses trois millions d'îliens, plongez dans l'océan indien juste après la mer de Java... Terre de 5400 km2, perdue parmi les 13000 îles de l'archipel indonésien, Lombok émerge, volcanique, entre Bali et Sumbawa. L'île abrite les ressortissants d'une culture unique, mélange improbable d'animisme prégnant, d'hindouisme balinais et d'islam dévôt: les Sasaks.
On les imagine venus du nord est de l'Inde, de Birmanie ou encore de Java, sur un peuplement bien antérieur à celui des autres îles de la Sonde. Le passé des Sasaks s'esquisse cependant autour de quelques certitudes. L'île a longtemps vécu sous la tutelle du royaume Mahajapahit (le Nagakertama, poème épique de 1365, la place parmi les contrées tributaires du roi). L'animisme omniprésent de ce peuple de paysans, déjà imprégné de croyances hindo-bouddhistes javanaises, s'est mélé d'islamisation vers la seconde moitié du XVIème siècle. Deux récits légendaires s'affrontent sur l'origine du prosélytisme musulman: le premier, la Chronique de Lombok (Babad Lombok) l'impute à Sunan Praben, missionné par son père pour convertir, armes à la main, Sumbawa et Lombok; le second, fait, à partir d'un autre manuscrit lontar, du roi de Bayan, une ville majapahit et l'une des plus anciennes cités de l'île, le premier converti. Le rôle des musulmans de Makassar (Sulawesi) reste à déterminer, notamment lorsque ceux-ci, associés à d'autres soldats, d'origine Bugis, désertent leur souverain autocrate au XVIIème siècle pour écumer les eaux proches, celles de Lombok en particulier.
Les tentatives d'annexion balinaises démarrent dès 1630 avec les visées expansionnistes du dewa agung de Gegel (l'un des rois de Bali), ralenties par les ambitions d'un sultan des Célèbes puis partiellement stoppées par l'annexion hollandaise en 1674 de la face orientale de Lombok. Les rois balinais de Karangasem n'en revendiqueront que la partie orientale mais les luttes de pouvoir s'avèrent des plus fluctuantes: en 1740, le jeu est aux mains des souverains de Karangasem; un siècle et demi plus tard, le roi balinais de Lombok s'attribue les terres de Karangasem...
Hollandais et Balinais s'affrontent violemment - les Sasaks pliant ou se rebellant au milieu, à la fois enjeu, instrument et victimes - tout au long du XIXème jusqu'au puputan (sacrifice final collectif) qui laisse le terrain libre à la colonisation néerlandaise de 1894 à 1942. Economiquement opprimés, une partie des habitants fuient l'île que les marchands chinois viennent exploiter. S'ensuit une période trouble où l'indépendance, l'accession au pouvoir de Sukarno et de ses volontés hégémoniques, puis son éviction en 1965 et le sacre de Suharto engendrent répressions, meurtres et migrations jusqu'à la grande famine de 1973. L'accalmie reste relative : le vent de la révolte souffle régulièrement sur les villages Sasaks. Le syncrétisme religieux qui animait l'île a d'ailleurs été largement érodé entre la fin du XIXème et les années 60 sur l'autel des dissensions politiques.
L'Islam originel de Lombok connaît une forme particulière: Waktu telu (trois prières), qui intègre moults croyances et rites (animistes et hindouistes) antérieurs. Un Islam plus strict et plus identitaire, émanant de la noblesse et renforçant socialement les îliens contre leurs occupants, naît à la fin du XIXème: Waktu lima (5 prières). C'est cet Islam orthodoxe, plutôt rigide et exigeant, aujourd'hui grandement majoritaire, qui donne aux Sasaks leur image de pieux musulmans mais c'est le Waktu telu qui a imprégné toute la conscience collective et la culture sasaks.
Des groupuscules purement animistes ou hindo-bouddhistes (les Boddhas qui croient en cinq dieux, aux esprits et aux fantômes) demeurent en marge des populations musulmanes et les rites de l'île obéïssent à de curieux mélanges de genres. L'adat, et non la charia, édicte les lois coutumières, y compris pour les évènements majeurs que sont la circoncision et le mariage (celui-ci dispose de tout un arsenal réglementaire qui gère une forme ancestrale d'union: l'enlèvement). Lors de Nyunatang (la circoncision), les jeunes garçons sont portés dans tout le village sur des chevaux ou lions en bois ressemblant furieusement à des déïtés bouddhistes.
Cette imbrication d'influences est inextricable... Parang Topat réunit musulmans et hindouistes qui remercient dieu de la fertilité des sols et de l'abondance des récoltes en se battant avec des gateaux de riz. Mulud, qui célèbre la naissance du prophète, donne généralement lieu à un spectacle d'ombres (les wayang kulits) ainsi qu'au ngurisan (cérémonie au cours de laquelle les cheveux des bébés sont rasés à la mosquée en signe de dévotion). Lors du Lebaran Topat qui suit le ramadan, les Sasaks offrent de l'eau, des fleurs et des feuilles de bétel sur les tombes familiales dans un rite très paien de bonne fortune. Un système de castes, réminiscence hindouiste, perdure (datu / denek bini, raden / denda, buling, lalu / lale)...
Ce fonds cultuel et rituel des plus iconoclastes ne doit pas cacher la conscience artistique et culturelle très profonde des Sasaks. Le Wayang Topeng et le Wayang Kulit (théâtres de masques et de marionnettes d'ombres) ont développé leurs propres formes et lakons (répertoires), très différents de ceux du reste de l'archipel. La poésie et les concours oratoires réunissent de larges audiences (de même que les combats de cannes ou les courses de buffles d'eau).
Les Sasaks ont créé des instruments de musique spécifiques pour des danses et occasions très clairement marquées dans l'histoire et la vie de ce peuple. Ainsi, le gendang belek (grand tambour) marque le départ au combat des soldats et fête leur retour tandis que les clochettes accompagnent les mariages...
Un son cependant retentit perpétuellement dans toute l'île: celui des oiseaux. Un culte permanent et silencieux leur est dédié. Leurs cages sont ciselées et soignées comme de petits trésors. Placées à l'entrée du village, devant les maisons ou au coeur de la forêt, elles témoignent du rapport inextinguible de ces anciennes peuplades animistes avec la nature. Les oiseaux, mais aussi les poissons, esprits de la mer et des arbres impriment l'icônographie artistique Sasak tout autant que les monstres et prêtres hindo-bouddhistes et les divinités légendaires du Mahabhârata et du Ramayana. A cet égard, les hauts de pelocok (couteau / pilon rituel à bétel) et les gardes de kriss offrent une vision
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